Ameur Faiq présente la nouvelle pouponnière de Meknès
FILIÉRE ÉQUINE 2016-03-23Unique jumenterie du Royaume, le Haras de Meknès est une vraie pouponnière équestre ! Le Docteur Ameur Faik, son brillant directeur, est le garant de la perpétuation de la tradition du haras protecteur numéro un de la race barbe. Et comme le plus ancien haras du Maroc vient de connaître un projet de rénovation d'ampleur, il se positionne comme un acteur majeur des questions de la filière équine. et la réponse qu’il apporte est digne des enjeux de demain et de sa grande histoire d’hier.
Impossible de parler du Haras National de Meknès sans se pencher sur les circonstances assez particulières de sa création. Ce temple du cheval, premier du genre, sorti de terre, en 1912, est riche d’une histoire gravée en lettres de feu. Niché à la sortie de la ville de Meknès, d’une superficie de 67 hectares dont 30 consacrés à l’Hippodrome, il répondait, dans un premier temps, aux besoins de l’armée royale en chevaux, servant de remonte militaire durant la période du protectorat. Sa mission a évolué à partir de l’année 1947 quand il fut placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Fort d’un potentiel évident, c’est un second souffle qui le ranimera et une renaissance qu’il connaitra.
À l’instar des autres Haras nationaux, ceux d’Oujda, d’El Jadida, de Bouznika et de Marrakech, il a été rattaché à la Société Royale d'encouragement du cheval, depuis 2011. «On le surnomme le Berceau des Equidés au Maroc» précise Mohammed Oussidhoum, le directeur du Haras National d’El Jadida, qui a œuvré, dans sa belle carrière, du côté de Meknès. «Le Haras Régional de Meknès est reconnu comme étant un bijou national. Il est à la fois un haras régional et une jumenterie qui constituent une réelle plate-forme pour les éleveurs mais également une fierté de la ville et de la région. Il est le plus approprié pour illustrer la noblesse de la filière équine au Maroc.»
Surtout, le Haras National de Meknès est devenu un outil précieux, véritable relais de la SOREC dans le domaine de la production de chevaux, œuvrant pour l’amélioration de la race équine, sa sélectivité, en des termes de qualité assurée et rassurante. Un élitisme qui lui vaut une admiration sans réserve à travers tout le Royaume. C’est pourquoi cette expression populaire changera de formulation pour devenir : « derrière chaque grand Haras un ou des grands hommes ». En effet, cet établissement a vu se succéder des directeurs (1) dont le profil se rapproche de manière déconcertante à des faiseurs de miracles.
Nulle manœuvre florentine n’y est repérée mais bien des résultats mettant en exergue le travail d’acharnés et de dévoués à la cause équine. A l’image de son actuel directeur qui remplit admirablement ce rôle. Cette succession qui lui incombe, tels des jalons anciennement plantés, lui revient et lui appartient. Vétérinaire de formation, le Docteur Ameur Faik travaille pour en faire un véritable pont d’or, alléchant du fait des opportunités, qu’il pourrait offrir, en matière de jumenterie, à la région du Moyen-Atlas. Ainsi, pour reprendre Stendhal : « je ferai pour vous tout ce qui est humainement possible ». Cette phrase incontournable de son standard aurait pu se retrouver encadrée et accrochée dans le bureau du Docteur Ameur Faik. Une phrase que nous aimerions penser comme potentiellement phare dans le parcours de cet homme épris de chevaux tant elle reflète son engagement.
Né à Béni Mellal où il a obtenu son baccalauréat scientifique en 1998, précieux sésame qui lui ouvrit les portes de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat. Au plus grand bonheur de sa maman Saadia et surtout de son papa Salah qui a travaillé à l’Institut National de la Recherche Agronomique et qui fut décoré du Ouissame Alaouite grâce à l’invention d’une machine de récolte du coton. Après ses études, Ameur se lance dans le privé en ouvrant son cabinet dans sa ville natale.
Il n’y travaille que 3 ans avant d’intégrer la filière équine, tout d’abord, au Haras National d’Oujda quatre années durant avant de prendre la route du prestigieux Haras de Meknès. «J’ai relevé des différences» précise Ameur. «Quand les deux Haras se donnent pour objectifs premiers l’amélioration de la reproduction et le croisement génétique réfléchi, celui de Meknès se distingue par sa structure ouverte au grand public, mixte sur le plan disciplinaire, offrant cette diversité qui m’est tellement chère. Car tout au long de l’année, les activités au sein de notre structure sont nombreuses».
En effet, différents concours y sont organisés, répartis en concours régionaux et interrégionaux, ceux de l’élevage et de la Tbourida, sans oublier la catégorie modèle et allure, faisant ainsi défiler plus de 1700 chevaux de race. Avons-nous mentionné les sessions de formation liées au métier du cheval, la reproduction et la maréchalerie créées au profit des éleveurs, des palefreniers et des techniciens désirant effectuer des stages? Ou encore les actions de vulgarisation des techniques modernes d’élevage? «Clairement, à travers ces actions, nous cherchons à mettre notre savoir faire à la portée d'un public pas forcément expert, via les stations de monte qui définissent ces structures de proximité situées au niveau des provinces » affirme fièrement le Directeur du Haras National de Meknès. «Afin de représenter le Haras à l’extérieur, nous organisons des caravanes où l’on aborde plusieurs thèmes relatifs aux chevaux, leur bien-être, les techniques de soin et l’alimentation. Ces caravanes sont clôturées par une journée portes-ouvertes, afin de permettre une communication transparente entre responsables régionaux et éleveurs ; le but étant d’expliquer les stratégies et les plans d’actions de la SOREC par le biais des Haras ».
Il est important de préciser que le Haras National de Meknès est la seule jumenterie de la région et du Royaume ! De ce fait, le Docteur Ameur Faik est garant de la perpétuation de la tradition de haras, protecteur numéro un de cette race équine, autrefois oubliée qu’est la race barbe. On peut donc parler de la fameuse pouponnière équestre.... Le cheval Barbe est issu de cette très ancienne race chevaline originaire d'Afrique du Nord dont la réputation n’est plus à faire. À la fois calme, docile et explosive (quand il le faut), elle serait, nous confie-t-on, la plus convoitée par les cavaliers de Tbourida notamment pour son endurance, sa résistance et sa rapidité. Une quarantaine d’étalons de cette race coule des jours heureux d’une tranquillité enviée au Haras de Meknès. Forcément, cette machine, aussi rodée soit-elle, ne tourne pas toute seule. Une équipe du Haras de Meknès, d’une grande efficacité face aux taches multiples, y consacre beaucoup de temps et de passion.
Comment pourrions-nous prétendre à l’exhaustivité sans mettre l’accent sur le rôle central du Haras de Meknès dans l’amélioration génétique du cheptel? « Dans ce cadre nous travaillons sur deux axes : génétique et gestion du stud-book » dit Ameur Faik. « Dans un premier temps, nous mettons à la disposition des éleveurs des étalons et des semences subventionnées par la SOREC, d’une haute valeur génétique, pour des utilisations futures ciblées, notamment dans les courses et l’endurance. Un processus de croisement raisonné selon les performances et le pedigree de chevaux approuvés ». Concernant la gestion du stud-book, « elle commence par l’approbation et le contrôle de la race des étalons. Pour cela, des tests de filiation sont pratiqués à l’occasion de sorties allant à la rencontre d’éleveurs privés» confie-t-il. Le Haras fournit ainsi, de manière officielle un document référentiel, clé qui ouvre les portes des concours hippiques.
Le Docteur Ameur Faik est un passionné. C’est presque enfoncer des portes ouvertes que le préciser. Il consacre sa vie à la cause équine. « J’ai eu plusieurs fois l’occasion de changer de domaine mais c’est une passion qui ne vous lâche pas» avoue-t-il. «On ne compte plus les heures de travail, n’en déplaise à notre entourage».
Cet état d’esprit de la recherche de l’excellence colle à celui de la SOREC. Il ne pouvait se manifester qu’à travers un projet de rénovation de grande envergure. «Le Haras a bénéficié d’un relooking respectant et préservant l’identité historique du site» confirme-t-il. «De nouvelles installations ont vu le jour dans le but d’augmenter la capacité d’hébergement du haras. Il compte désormais 13 écuries regroupant 290 boxes, une jumenterie nationale dédiée aux chevaux barbes, un centre national de transfert d’embryons, un centre de promotion de l’élevage équin, une sellerie, des paddocks et carrières dont deux dédiées aux grands rendez-vous équestres».
On l’aura compris, le Haras de Meknès, guidé par son Directeur, le Docteur Faik Ameur, se positionne comme un acteur majeur des questions de la filière équine au Maroc et la réponse qu’il apporte est digne des enjeux de demain et de sa grande histoire d’hier.
(1).- Docteur Genty, Dr Petit, Docteur Jacques Maitre, Docteur Fouad Layachi, Docteur Mohamed Souab, Lieutenant Colonel Azzedine Benchakroun, Docteur Mohamed Hamidi, Docteur Lahcen Fdail, Docteur Mustapha Yaaref, Docteur Ameur Faiq