Institut National du Cheval: le royaume des métiers équins
DES MÉTIERS ET DES HOMMES 2016-07-18Cheval du Maroc a visité L’Institut National du Cheval SAR Prince Héritier Moulay El Hassan où les futurs professionnels du monde équin bénéficient des formations de pointe adaptées aux besoins d’un secteur en pleine croissance.
Voilà maintenant presque 3 ans que l’unique Institut du Cheval en Afrique a vu le jour, à Rabat. Inaugurée par Son Altesse Royale le prince héritier Moulay El Hassan, le lundi 23 Septembre 2013, et dirigée par Abdelali Chrifi Alaoui, cette pépinière des métiers nobles fêtera, après l’été, sa quatrième rentrée scolaire. Cheval du Maroc a rencontré en exclusivité stagiaires, formateurs, et comité pédagogique pour mieux appréhender les enjeux de cette nouvelle institution. Tour d’horizon…
L’ambition initiale était la promotion de profils de techniciens équins très qualifiés. Après les deux premières années, le pari est gagné. «Pour la première vague, nous sommes très satisfaits des résultats» se félicite Bachir AlBouali Chaouqi, directeur pédagogique des formations à l’Institut National du Cheval, situé à Dar Essalam, à Rabat. «Plus de 80% des stagiaires ont été embauchés».
Cet établissement est considéré, par beaucoup d’étudiants, comme un «vrai tremplin dans l’existence, une chance inespérée». Alors que pour d’autres, c’est «une véritable école où l’on apprend toutes les valeurs de la vie». L’institut se déploie sur une superficie totale de 72.936 m² dont 16.454 m² couverts, comprenant notamment entre ses murs, le premier et unique manège équestre du continent africain.
C’est là, à Dar Essalam, que 250 jeunes marocains, filles et garçons, ont choisi de suivre un vrai cursus pédagogique afin de renforcer leurs connaissances et leurs compétences autour du monde équin et ses métiers d’avenir. Une nouvelle ouverture qui leur octroie l’opportunité de pouvoir se projeter en tant que professionnels du secteur, vers différents métiers liés aux filières relatives au cheval et à son environnement.
Mouad a 23 ans. Il souhaite devenir enseignant d’équitation. «Avant mon intégration à l’institut, je n’avais jamais vu un cheval de près» confie-t-til. «J’avais déjà un diplôme de construction métallique délivré par l’OFPPT. Quand j’ai su que l’Institut du Cheval a ouvert ses portes, je n’ai pas hésité à changer de domaine.»
Le cas de Mouad est assez isolé car la majorité des stagiaires entretient déjà une passion souvent familiale avec le cheval. La plupart s’occupaient des chevaux de leurs familles ou des écuries de leurs voisins. Mais Mouad ne regrette pas son choix. «Par sa nature, l’humain est épanoui quand il est en relation avec l’animal en général, et le cheval en particulier» dit-il. «Si on demande à quiconque s’il aime le cheval, la réponse est évidente : oui !»
On connaît aussi la sienne. On sait aussi que la réussite des premiers étudiants inscrits a permis la succession d’une deuxième génération, qui sera bientôt diplômée.Les filières qui sont actuellement enseignées répondent parfaitement à des besoins spécifiques au monde du cheval, à l’image des métiers de soigneurs d’équidés, enseignants équestres, maréchaux-ferrants, assistants vétérinaires, gestionnaires d’entreprises équines, selliers harnacheurs, selliers traditionnels sans oublier la fameuse École de jockeys. Il ne faut pas omettre les filières restauration et hôtellerie, ainsi que les Espaces verts. Ces formations sont dispensées par treize formateurs, sur une durée de deux ans pour certaines. La durée peut même aller jusqu’à trois ans pour d’autres. L’objectif est de former des techniciens spécialisés, qui peuvent facilement offrir leurs compétences au profit des clubs et écuries équestres au Maroc mais également dans d’autres pays.
Directeur pédagogique à l’institut National du cheval depuis 2014, Bachir AlBouali Chaouqi, nous a reçus afin de valoriser les formations de l’Institut. Ce grand passionné du monde équin, assigné par l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT), est lui-même cavalier de formation. Il a même représenté le Maroc lors de plusieurs concours complets d’obstacles. Ce qui ne l’a pas empêché de suivre une formation à l’école de Saumur, en France, où il a eu la chance d’avoir comme professeur le Maître Ecuyer Jean Louis Martin. Ensuite, Bachir AlBouali Chaouqi a été engagé par la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres (FRMSE) comme directeur de l’Equipe Nationale, avant de chapeauter finalement la mise à niveau des clubs au Maroc.
C’est ainsi qu’il a été désigné directeur pédagogique de l’Institut National du Cheval. Et c’est à ce titre qu’il a accepté de détailler les formations et les perspectives offertes par ces nouvelles filières, ainsi que les conditions dont bénéficient leurs jeunes stagiaires. «Pour l’instant, les 250 stagiaires, dont la majorité sont résidents au sein de l’institut, sont répartis sur sept filières» précise Bachir AlBouali Chaouqi.
Cheval du Maroc : Quels sont les critères spécifiques pour intégrer les formations à l’Institut National du Cheval ?
Bachir AlBouali Chaouqi.- Il faut savoir que les métiers vers lesquels nous orientons nos stagiaires sont des métiers de passion. Après, il faut avoir au minimum un niveau baccalauréat pour accéder à ces formations. Toutes les filières demandent un niveau baccalauréat, à part les filières « gestion d’entreprises » et « assistant vétérinaire » qui nécessitent le bac. Les étudiants sont logés et nourris dans l’enceinte de l’institut. On possède un internat qui peut recevoir 120 personnes, avec une contribution symbolique accessible à toutes les classes sociales.
De nombreux formateurs sont originaires de Khenifra. Est-ce un hasard?
Les 13 formateurs de l’institut sont originaires de plusieurs villes du Maroc. La plupart sont, en effet, de Khenifra, cette ville connue par l’excellence de sa fantasia. Il n’y a donc peut-être pas de hasard... L’institut enseigne également d’autres matières, informatique, arabe, français, anglais. Une très bonne opportunité pour les jeunes stagiaires et les centres qui vont les embaucher après leur formation. Cela permet d’avoir des professionnels du cheval spécialisés, qui n’ont pas uniquement un savoir-faire technique dans le monde hippique, mais aussi qui se sont imprégnés de valeurs intellectuelles et humaines lors de leur formation à l’institut. Il convient aussi de préciser que le nombre d’étudiants est limité, surtout pour les premières années. Ceci permet d’assurer une meilleure gestion des classes dans l’intérêt de l’étudiant mais aussi du professeur qui sont liés à une exigence de réussite.
Comment gérez-vous l’orientation professionnelle de vos étudiants diplômés?
Nous sommes en relation avec les structures équestres de tout genre notamment les clubs équestres du Maroc, les écuries de courses et la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres (FRMSE). 80% de nos diplômés ont été embauchés lors des deux premiers exercices scolaires de 2013 et 2014. Depuis octobre 2015, nous avons réalisé un audit sur certaines filières. Et nous avons augmenté la durée de formation d’une année ou même sur certaines filières de deux ans pour offrir aux étudiants la meilleure formation avant de voler de leurs propres ailes dans le milieu du travail.
L’Institut National du Cheval témoigne forcément de la bonne santé de la filière équestre au Maroc ?
Incontestablement, c’est un magnifique outil de travail et une belle vitrine pour le monde équestre du Royaume. Je suis très satisfait de la qualité des installations de l’Institut qui font l’unanimité au niveau national et international. Il est nécessaire de noter que cette école est la première du genre en Afrique et dans le monde Arabe. D’ailleurs, certains élèves diplômés travaillent actuellement au Qatar et aux Emirats. Nous gardons un lien étroit avec eux, afin d’assurer la continuité d’une collaboration pérenne et répondre à d’autres besoins si leurs employeurs en demandent davantage. A noter que Larbi Bencheikhd, directeur général de l’OFPPT, a fait récemment un voyage en Afrique avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI , afin d’étudier les possibilités de promotions des profils qualifiés que l’Institut a la capacité de former selon des besoins très spécifiques.