Pedro Cebulka, star à l’Amphitrite Palace
SPORTS ÉQUESTRES 2018-03-15Maître de piste le plus connu et le plus apprécié des concours internationaux de saut d’obstacles, Pedro Cebulka jouit d’une véritable popularité au Maroc notamment auprès du public du salon du cheval d’El Jadida où ses costumes connaissent un grand succès. On a rencontré le confident des plus grands cavaliers, à l’Amphitrite Palace, à Skhirat.
«Pedro Cebulka bénéficie d’une véritable popularité auprès du public marocain. On peut même dire qu’il est devenu un personnage incontournable du Salon du Cheval d’El Jadida». Omar Skalli, Directeur Général de la SOREC, a mesuré la notoriété du Maître de Piste des concours internationaux de saut d'obstacles et notamment du Morocco Royal Tour dont la dernière étape clôture le Salon du Cheval d’El Jadida. A vrai dire, c’est lui qui nous a conseillé de consacrer un reportage à celui qui possède un prénom espagnol, un nom de famille polonais, un passeport allemand, une épouse hollandaise et une maison au Canada.
Né à Vessen, en Allemagne, près d’Hambourg, Pedro Cebulka, qui fêtera ses 65 printemps en février prochain, parle sept langues. C’est évidemment un atout pour murmurer à l’oreille des cavaliers qui attendent son signal pour rentrer dans l’arène. Avec ses costumes uniques qui ajoutent au mythe du personnage et son sourire spontané, il est un phare indispensable sur les concours autant qu’un garant de l’harmonie protocolaire de l’entrée en piste des chevaux, sensibles eux-aussi, à l’humanité et à la spiritualité du Canadien.
Banquier de formation et de métier, Pedro a vite abandonné son costume cravate et sa calculatrice. Cette vie sédentaire, trop rigide, ne l’enchantait point. Il décide de changer de vie. Hésite entre un job de charpentier et un travail auprès des chevaux au club de Spruce Meadows, à Calgary, près des montagnes Rocheuses canadiennes. Il lave les écuries, sort les chevaux, fait des traductions pour les cavaliers. «C’est là que tout a commencé» précise Pedro. «En 1986, les organisateurs de Spruce Meadows m’ont demandé d’être leur steward. J’avais une seule tâche: rester à l’entrée de la piste et appeler les cavaliers. En fait, mon boulot est vraiment simple. Cela demande de la communication avec le jury, les vétérinaires, les équipes de télévision. Si les cavaliers sont calmes, alors les chevaux seront relaxés et bien dans leur tête.»
Aujourd’hui, Pedro et son étonnant charisme sont incontournables sur les concours internationaux. Pas étonnant qu’il ait officié lors des six dernières olympiades des JO d’Atlanta 1996 aux JO de Rio 2016 où il a encouragé Kebir Ouaddar et Quickly de Kreisker. «C’est un de mes couples préférés sur le circuit» confie Pedro. «Kebir et Quickly ont le même punch, le même sens du spectacle. D’ailleurs, je suis impatient de les revoir au premier plan. J’ai rencontré beaucoup de cracks au fil du temps, j’ai même voyagé avec certains chevaux. Mais Quickly est à part...»
A l’instant de parler de chevaux d’exception, Pedro ne peut pas faire l’économie d’une incroyable anecdote sur Milton, le mythique cheval hongre de John Whitaker. «A l’aéroport de Stansted en Angleterre, au moment d’embarquer pour Spruce Meadows, le groom a malencontreusement lâché Milton» se souvient Pedro. «Nous étions sur la piste d’atterrissage, alors j’ai sauté et attrapé la longe. Milton se cabrait et je n’ai rien lâché car s’il s’était échappé, il aurait pu se faire percuter par un avion. J’avais la peau de mes mains qui partait, mais j’avais sauvé Milton !»
Discret dans l’arène et volubile dans les coulisses, Pedro est indispensable. «Il met une bonne humeur sur tous les concours internationaux» confirme Marcel Rozier, l’emblématique entraîneur de Kebir Ouaddar. «Il connaît tous les cavaliers. Il sait les détendre avec un bon mot. Jamais personne ne s'est plaint. Son rôle est important car les cavaliers ont souvent besoin de faire descendre la pression avant d’entrer en piste. En plus, il choisit ses costumes en fonction des coutumes locales. C’est une démarche très sympathique.»
Adoré au Maroc, Pedro est également fan du Royaume. «J’adore le pays, l’accueil des gens et j’ai beaucoup de respect pour la Fédération marocaine qui a su professionnaliser les compétitions et notamment le Morocco Royal Tour qui n’a désormais rien à envier aux grandes épreuves mondiales» confie Pedro Cebulka, jamais avare d’une facétie ou d’un bon mot.